Zahra
Benasri
« Le cinéma m’a conquise comme une forme de narration totale, qui permet de dire autrement — avec les sons, les silences, la lumière, les mouvements — ce que les mots seuls ne suffisent parfois pas à exprimer »
Dans le quartier de Pierreuse à Liège, une petite fille vit avec un toxicomane dans son grenier : son oncle. C’est un artiste fantasque, marginal, qui pose problème à toute la famille — sauf à elle. Elle l’admire sans voir sa dépendance, persuadée que ses piqûres sur son bras viennent de moustiques… C’est à travers le regard de cette petite fille que la réalisatrice Zahra Benasri va raconter une histoire en mettant des images sur des maux pour lesquels les mots peuvent parfois manquer.
Changer le regard sur l’addiction
Le projet de film Tonton Poisson est un court métrage de fiction de réalisme magique qui prend le point de vue d’une enfant, rendant humanité et profondeur aux personnes souffrant de dépendance. Zahra : « Ce film met en lumière l'impact souvent invisible de la toxicomanie sur les familles, un angle peu abordé en dehors des traitements médicaux ou cliniques. En abordant la complexité des relations familiales autour de la dépendance, Tonton Poisson invite à une réflexion plus inclusive et empathique, loin des stéréotypes. »
Son objectif ? « Faire de ce court-métrage au-delà de sa diffusion dans le cadre de festivals de cinéma, un outil de sensibilisation et de débat pour les associations et le grand public. Ceci en valorisant le dialogue autour de l’addiction et de ses répercussions familiales. »
Raconter des histoires impactantes et les rendre accessibles
Pour raconter ses histoires, Zahra a longtemps pensé que la littérature serait son moyen d’expression. En grandissant, elle s’est rendue compte qu’en fait, beaucoup n’aiment pas lire ou n'ont pas accès à la lecture. « Mes grands-parents maternels et paternels étaient — ou sont encore — illettré·es. J’aurais pu écrire tous les livres du monde mais ma grand-mère n’y aurait jamais eu accès. Et pourtant, je l’ai vue rire à s’en décrocher la mâchoire devant La Grande Vadrouille et pleurer à chaudes larmes devant La Liste de Schindler. Elle ne pouvait pas me lire d'histoires, mais nous pouvions regarder un film ensemble. Par le cinéma, une histoire devient accessible à ma grand-mère, et à toutes celles et ceux qui, comme elle, n’ont pas accès aux récits écrits. »