Muna
Traub
« Je souhaite que ma structure de production soit un véritable pont entre la Belgique, ses diasporas et le continent africain, favorisant les coproductions et la diffusion d’histoires encore trop peu visibles aujourd’hui. »
La productrice et réalisatrice Muna Traub souhaite créer une structure de production pour soutenir les récits d’artistes afrodescendant·es et promouvoir une représentation inclusive dans le cinéma belge et européen. En parallèle, elle réalise son premier documentaire, explorant sa relation avec son père et son parcours entre la Belgique et le Libéria…
Quelles valeurs guident ton travail artistique ?
« Dans ma vocation s’inscrivent les combats de dignité pour les personnes en marge, que je porte dans ma chair. Ils façonnent ma vocation, avec la conscience que les chances d’atteindre nos vocations sont inégales, et qu’il ne suffit pas juste “d’y croire” ou de “travailler dur”. Mais il est possible de créer de la magie avec peu. Aujourd’hui, ma vocation est surtout guidée par le désir de créer du lien grâce au cinéma, et plus particulièrement entre les diasporas et le continent africain, avec la conviction que l’art est un puissant levier social et politique. »
D’où te vient ton intérêt pour le cinéma ?
« J’ai découvert le cinéma tardivement, car petite je n’avais pas la télévision et je n’allais pas au cinéma. Mes parents n’y voyaient pas de carrière viable, et les parcours cinématographiques demandent des ressources financières et un capital culturel que je n’avais pas. Mon parcours a donc débuté par l’écriture, avec des études de journalisme à l’IHECS, où j’ai développé un regard critique et un goût pour le contact humain. Mon film de fin d’études tourné en République dominicaine a fait naître en moi une vocation de productrice. Puis, au Sénégal, j’ai produit Le Voyage de Talia, expérimentant le “cinéma guérilla”, développant des solutions créatives pour surmonter les obstacles. La découverte de La Noire de... d’Ousmane Sembène m’a révélé la puissance du cinéma et a confirmé ma conviction de persévérer dans ce secteur. »
Quels obstacles as-tu dû surmonter ?
« Le manque de ressources financières, aggravé par les deux années de pandémie COVID-19, ainsi que l’absence de références culturelles en cinéma, ont constitué un frein. Il a aussi fallu jongler entre un travail alimentaire et des projets portés par la passion. J’ai dû me former en autodidacte et je cherche encore à trouver ma place dans ce milieu. »