Le 4 mars dernier, le jury de VOCATIO a élu les 18 lauréats de la promotion 2020. A cette occasion, le Président du jury, Bernard Boon Falleur, revient sur le travail minutieux et l’extraordinaire dévouement de nos 38 jurés. Il nous explique aussi son engagement pour la jeunesse défavorisée et son admiration pour la fondation et les jeunes qu’elle soutient.
M. Boon Falleur, pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis le Président du jury de VOCATIO depuis environ un an après avoir été, pendant une vingtaine d’années, membre du jury ‘sciences sociales’, puis, Vice-président du jury. Au cours de ma carrière, j’ai eu l’opportunité de travailler dans des milieux socio-professionnels très différents : le barreau, le monde de l’entreprise, le social et la culture. Aujourd’hui mes activités portent principalement sur le monde de l’enseignement obligatoire.
Qu’est-ce qui vous a motivé à faire partie du jury de VOCATIO ?
VOCATIO a un rôle très particulier car nous soutenons la vocation alors que la plupart des associations qui distribuent des bourses ont tendance à soutenir l’excellence dans un domaine particulier. Cela nous permet chaque année de découvrir des projets incroyables, sortant des sentiers battus, menés par des jeunes extrêmement motivés et courageux.
Qu’est-ce qu’une vocation ?
C’est un projet de vie, dans certains cas déjà mis en œuvre, dans d’autres à l’état de conception mais basé sur une réflexion forte. Ce projet de vie doit être sous-tendu par une passion, une ambition pour une cause. Cette passion peut trouver son fondement dans une volonté d’engagement sociétal ou dans une volonté d’excellence. C’est ça, la vocation.
Quel est le rôle du jury chez VOCATIO ?
Le rôle du jury est d’essayer de découvrir cette vocation chez les jeunes. C’est une tâche très exigeante. Je salue les personnes qui acceptent d’être membre du jury. Cela leur demande beaucoup de travail, alors qu’ils sont tous très engagés professionnellement. Je trouve que les membres du jury sont d’une rigueur et d’un engagement extraordinaires. L’analyse des dossiers de candidature, les recherches complémentaires sur internet, les contacts avec les personnes de référence mentionnées dans les dossiers, le dialogue avec les candidats, tout cela représente un travail énorme !
Quelles sont les qualités requises pour faire partie du jury ?
Il y a trois qualités essentielles. La première, c’est l’engagement car le travail est considérable. La deuxième qualité, c’est le spectre des compétences permettant de connaître le domaine d’activité du candidat. C’est une condition essentielle pour pouvoir juger du sérieux et du caractère durable de son projet. La troisième qualité est probablement la plus importante : le bagage humain, l’expérience donnant la capacité de déceler la vraie vocation du candidat.
Comment sont traités les dossiers pour lesquels il n’y a pas d’expert dans le jury ?
Dans un certain nombre de cas, le membre du jury en charge du dossier s’adresse à un spécialiste du domaine en question pour recueillir les informations nécessaires.
Comment se passe la sélection des lauréats ?
Les dossiers des candidats sont remis aux jurys sectoriels qui ont environ un mois pour les examiner. Ensuite, nous avons 6 réunions des jurys sectoriels qui établissent une liste de candidats à présenter au jury plénier. Une fois cette liste établie, chaque jury sectoriel désigne en son sein, pour chaque candidat retenu, un rapporteur qui présente et défend le candidat devant le jury plénier. Ce rapporteur va enrichir le dossier, établir une courte synthèse écrite et préparer l’exposé qu’il va faire sur ce candidat au jury plénier. Les candidats sont présentés au jury plénier qui pose aux rapporteurs toutes les questions qu’il souhaite poser. Le jury plénier procède ensuite à l’élection des lauréats.
Qu’est-ce qui fait la différence entre les candidats qui deviennent lauréats et les autres ?
Il y a des différences objectives mais aussi quelques différences subjectives. Les différences objectives sont la perception par le jury plénier de la profondeur de la vocation et du sérieux du projet. Je pense qu’en règle générale, le jury plénier fait un excellent travail là-dessus. La qualité de la présentation d’un candidat par son rapporteur peut évidemment avoir un impact sur le jury. Mais, faisant régulièrement une analyse détaillée des travaux et des choix du jury plénier, je pense que cet impact est limité.
En plus de la vocation, quels sont les autres critères auxquels les jeunes doivent répondre pour être retenus ?
Le candidat doit pouvoir décrire avec rigueur à quoi va servir l’argent de la bourse. Il faut aussi qu’il y ait un certain rayonnement pour la Belgique dans le projet du candidat. Un autre critère, plus difficile à évaluer, c’est l’état de nécessité du candidat. Nous tâchons de voir si ses besoins financiers ne peuvent pas être rencontrés par d’autres types d’aide.
Et vous, M. Boon Falleur, avez-vous une vocation ?
Cela fait 50 ans que je m’occupe de la jeunesse défavorisée. Aujourd’hui, je me consacre plus particulièrement à l’enseignement obligatoire francophone. Nous savons bien que pour bon nombre de jeunes défavorisés, l’institution scolaire répond de manière peu adéquate à leurs besoins. Malgré la qualité, le dévouement et l’engagement de nombreux enseignants, l’enseignement obligatoire francophone accuse un retard sévère en termes d’efficacité, d’équité et d’efficience. Le Pacte pour un Enseignement d’excellence est un pas dans la bonne direction mais il reste encore beaucoup à faire.
Le mot de la fin ?
La beauté de VOCATIO réside dans une chaîne humaine d’engagement sociétal. Il y a d’abord la communauté des mécènes sans laquelle VOCATIO n’existerait pas. Cette communauté s’engage non seulement sur le plan financier mais également dans l’accompagnement et le soutien des lauréats. Il y a ensuite les membres du jury qui, malgré leurs responsabilités professionnelles, consacrent bénévolement un temps considérable à l’examen des dossiers. Il y a également le Conseil d’Administration dont les membres font en sorte que la fondation puisse travailler de manière optimale et se développer. Tout cela se fait chaque année pour 18 lauréats qui portent eux aussi un engagement sociétal, une ambition pour autrui. Dans cette époque de grande mutation, ce sont de telles chaînes de solidarité et d’engagement qui nous permettront de nous frayer, pas à pas, un chemin vers le monde de demain.