Le nouveau président de VOCATIO s’appelle Baudouin Velge. Economiste de formation, il a eu la chance de voir le professeur Lawrence Klein recevoir le prix Nobel d’économie pendant qu’il était son assistant à l’University of Pennsylvania. Son doctorat en poche, il rentre au pays où il mène une brillante carrière dans le commerce (FEB, COMEOS – anciennement FEDIS). Aujourd’hui, à 63 ans, il dirige le bureau belge d’Interel, une société de consultance en communication et affaires publiques. Père de 4 enfants et grand-père de 9 petits-enfants, c’est avec beaucoup d’enthousiasme qu’il a pris la présidence de VOCATIO en décembre dernier, succédant ainsi à Johan Swinnen.
Comment êtes-vous entré chez VOCATIO ?
J’ai tout d’abord rejoint la Fondation Bernheim, la fondation sœur de VOCATIO, en 2004. La Fondation Bernheim octroie un soutien structurel à VOCATIO chaque année. Dans ce cadre, j’ai été désigné pour devenir membre du conseil d’administration de VOCATIO il y a deux ans. Petite anecdote : mon père a connu Emile Bernheim et a été administrateur de VOCATIO il y a de nombreuses années. Il y a donc une espèce de retour générationnel d’une façon ou d’une autre.
Qu’est-ce qui vous plaît chez VOCATIO ? Pourquoi êtes-vous là ?
Notre avenir, c’est les jeunes. Tout ce qui peut aider les jeunes qui ont du talent, de l’énergie et de l’imagination à déployer ces talents est une chose qu’il faut soutenir du mieux qu’on peut. C’est bien ce qu’Emile Bernheim avait compris quand il a repris le concept de la Fondation pour la Vocation en France avec l’idée de permettre à des jeunes qui ont des vocations mais à qui il manque le soutien financier requis, d’aller une étape plus loin. Avoir l’opportunité de participer à un tel projet est très motivant ! La deuxième chose c’est la constatation que les besoins sont grands et les moyens pour y arriver sont limités. VOCATIO s’est donné comme objectif d’essayer d’augmenter sa visibilité de façon à être capable d’attirer plus de moyens pour donner plus de bourses. Mais aussi pour mieux se faire connaître de la part de ceux qui auraient besoin d’un soutien et qui aujourd’hui ne connaissent pas toujours l’existence de VOCATIO. Ce projet est en partie réalisé puisque nous avons reçu 400 demandes de bourses cette année-ci par rapport à la moitié l’année précédente. Augmenter le nombre de bourses ne sera pas si facile à réaliser mais je crois que la plupart des gens se rendent compte que défendre des jeunes qui ont des vocations est une cause qui vaut la peine d’être soutenue.
Quelles sont vos ambitions pour VOCATIO ?
L’ambition doit être d’être reconnu comme une fondation incontournable pour soutenir des jeunes qui ont un beau projet. Je crois qu’aujourd’hui nous avons un déficit d’image notamment dans les couches de la population un peu plus jeunes. Je pense, par exemple, aux chefs d’entreprise qui ont moins de 40 ou 50 ans et qui auraient les moyens de nous soutenir. Il faudrait que le nom de VOCATIO leur dise quelque chose au moment où ils choisissent l’organisation qu’ils vont soutenir. C’est une des raisons pour lesquelles nous essayons d’expliquer ce qu’on fait à un maximum de gens parce qu’on a une très belle histoire à raconter. L’année passée, on a fait une remise des bourses qui était de très haute qualité et un grand nombre de personnes qui étaient venues nous ont dit : « On a vraiment été impressionné, c’est un beau projet et ces jeunes étaient franchement motivés ! » Ça m’a frappé. On voit bien qu’on a créé une espèce de goodwill chez certains. Pour transformer l’essai, il faut qu’on puisse les accompagner à aller au-delà du simple goodwill.
Baudouin Velge (à dr.) succède à Johan Swinnen (à g.) à la tête de VOCATIO le 17 décembre 2018
Pourquoi c’est important d’avoir une fondation comme VOCATIO dans la société actuelle ?
On a une jeunesse qui est très dynamique. Le nombre de jeunes qui démarrent des entreprises est beaucoup plus grand qu’il y a quelques dizaines d’années. Il y a un désir de prise de risque, de prise d’initiative et de renouvellement qui est assez grand. Il y a aussi ces mouvements citoyens de jeunes, pour le climat par exemple, qui montrent qu’il y a un désir chez eux de prendre à bras le corps des problèmes réels et loin d’être solutionnés. Ils ne savent peut-être pas toujours très bien comment, ils n’ont peut-être pas toujours les moyens de le faire et je pense que VOCATIO, parmi d’autres, peut leur donner un coup de pouce. D’abord en décelant des talents et en les aidant financièrement. Ensuite en les accompagnant pendant et après qu’ils aient eu leur bourse. Ça peut être sous la forme d’une recommandation, d’un coaching ou d’une mise en contact avec des gens qui pourraient les soutenir par des conseils. Je crois que nous avons au sein de VOCATIO un écosystème qui peut aider les jeunes à réaliser leurs projets.
Qu’est-ce qui vous a motivé à devenir président de VOCATIO ?
Le changement de présidence chez VOCATIO coïncide avec une période de ma vie où je peux libérer du temps pour me consacrer à autre chose qu’à mon activité professionnelle. J’étais déjà administrateur, la présidence était ouverte et en parlant aux uns et aux autres, je me suis dit : « Mais, enfin, pourquoi pas ? » Je me suis porté candidat avec enthousiasme et le conseil m’a suivi ! J’ai la chance d’être encore en activité et de connaître beaucoup de gens, ce qui est très utile pour aider à développer nos ambitions. Je trouve aussi que s’occuper de quelque chose qui est lié aux jeunes est important parce que ça nous confronte à ce qui vient. En tant que professeur invité à l’UCLouvain, je suis confronté de visu aux changements toujours plus rapides que les jeunes doivent maîtriser. Si nous voulons accompagner utilement les jeunes, nous devons mieux comprendre leurs besoins. Des contacts aussi larges que possible peuvent nous y aider. Incorporer plus de jeunes dans les organes de VOCATIO peut également y contribuer. Johan Swinnen a déjà fait quelques pas dans cette direction en intégrant plus de jeunes dans le conseil d’administration. Je pense qu’on doit poursuivre dans cette voie-là.
Quelle est votre passion, votre vocation à vous ?
Ha, ça c’est très compliqué ! J’ai toujours été plus quelqu’un de la tête que des mains. Je suis un très mauvais bricoleur ! Je préfère lire, échanger des idées, rencontrer des personnes captivantes, voyager… J’aime beaucoup passer du temps avec ma famille aussi. J’ai 4 enfants et 9 petits-enfants et c’est une grande chance car ça me permet de rester en contact avec les générations montantes. C’est aussi une manière de transmettre ce qu’on a appris soi-même. Un jeune est un peu comme un diamant brute qui doit être travaillé et poli en lui donnant plus de chances, en l’encadrant le mieux possible. C’est très important de laisser les jeunes trouver le domaine dans lequel ils ont envie de se réaliser. Voir ces talents éclore et réaliser de grandes choses, il n’y a pas plus grand bonheur. Quand c’est pour ses propres enfants ou petits-enfants, c’est formidable mais quand c’est pour d’autres qu’on a soutenu c’est magnifique aussi !